C’est dans le bain, au cœur du songe, que je deviens le plus grand des artistes. La mousse s’échappe, tente une fuite vers les bords de la baignoire — je trace des symboles indiens sur mon ventre rond, et le monde s’incline sous mes doigts. Le cordon flotte à la surface laiteuse, bois mort suspendu dans l’eau, tandis que les huiles parfumées pénètrent ma peau. (Re)naissance. Accouchement dans le carrelage fleuri de la salle de bain. Chaque goutte, chaque frisson devient rituel, chaque geste se mêle à l’eau, à l’odeur, à la lumière déclinante. Le corps devient toile et temple — la mousse devient ciel, et moi, je célèbre l’acte intime de créer et de renaître — suspendu entre le visible et l’invisible. La faille immense — la couture des chaussures qui bâillent de sommeil. Toujours d’étranges rêves après la lecture de Swami. Le Swami mâche en silence — et quand il ouvre la bouche, c’est tout l’univers qui s’en échappe. En bas de la rue, dans la poussière, les derniers enfant‑singes fabriquent des chargeurs pour des téléphones obsolètes. Les écrans s’entassent sur les barricades. La connexion est rompue depuis longtemps. Les façades sont peintes de rouge, ornées de textes blancs. Toutes les maisons sont alignées comme des panneaux publicitaires, et les champs sales bordent encore les villes — les petits drapeaux de couleur flottent au-dessus des balançoires sous l’œil rieur d’une divinité — Un chien errant ferme la route et regarde en arrière.
Le cordon flotte dans la bouche
— 10 novembre 2025