Voyez – taquine l’ombre – traces d’encre et de goudron sur une feuille blanc ivoire. Je ne reviens pas, un jour. L’abandon, délice, n’est-ce pas ? Légèreté. Laisse filer, pensée, promesse. Page morte sous le vent, souffle, fenêtre entrouverte. Signes déformés sous le regard du temps. Tout, tout a un moment. Simple assemblage – emballage. Nous définir, accomplir. Pourtant, tout se dissipe. Me lève, hésite, dirige ombre, étouffe clarté. Pas une fuite, absence. Vide que je remplis sans voir.
J’ai dû faire une pause pour m’égarer. Créer pour détruire – encore et encore...
Poète – le chemin est une langue, une corde tendue entre l’âme et l’instant. Bodhisattva – assis, les yeux fermés, il regarde l'invisible.
Rédemption – à la fin du sentier, il n’y a rien. Un livre mort-né. Juste une poussière qui danse dans le vide. Le poème est une évasion, un cri, une main tendue.
Le bodhisattva sourit, car il sait que le chemin n’est pas un chemin, mais une chute – tomber comme une pierre de jade le long d’un rocher, slalom entre les arbustes qui s’accrochent à la paroi lisse. Chuter vers la lumière, l’éternel retour du rien. Le poème, aussi simple qu’un souffle, se transforme, s’épanouit, s’effondre. La rédemption ? Peut-être qu’elle est là, dans le moment où l’on cesse de chercher à être sauvé, dans l’abandon du désir d’être autrement que ce que l’on est – Henri M. trace des traits noirs sous mescaline. Il finira par s’éloigner – je m’éloignerai aussi !
Les images des missiles qui s’écrasent contre la vitre – 4K – simulacre et expertise. La souffrance d’un spectacle. Les chaînes et les réactions enchaînent.
Une barbe longue, éparse comme les rêves des hommes qui marchent à Varanasi, là où le Gange serpente et avale tout, même les souvenirs. Le poète marche parmi les ghâts, pieds nus sur la pierre brûlante, son ombre déformée par les chants des pèlerins qui s’élèvent comme des vagues, mais dans ses oreilles, tout est silence. Il pense à la façon dont il se mêlerait à l’eau.
Sauter dans le Gange – rivière sacrée, c’est comme se défaire de soi-même – une immersion dans l’infini, un retour à ce qui n'a jamais été. Le Gange n’est pas là pour purifier, mais pour accepter. Accepter ce qui a été et ce qui ne sera plus.
Écoute l’écho des ancêtres, et va-t'en, tout en restant. Marcher nu dans la rue.
Tout est expérience.
J’ai laissé traîner la foi dans un tiroir / une chambre d’hôtel – un miroir / imagine tous ses moments comme des failles – des trous dans le temps / laisser la carte sur le bureau avant de claquer la porte et de s’enfuir.
N’espère pas que le poète te retrouve. Il ne te voit plus – la tête tournée vers le bitume. L’odeur de gomme et de particules. Une roue crevée. Les fleurs poussent dans la carcasse. Toi, toi, tu n’es plus qu’un fantôme fané. Quatre murs pour un voyage illimité – on va beaucoup plus loin en restant prisonnier.
J’adore m’égarer – pas assez.
Pas assez !
— 24/06/2025