Sagesse du fond
La sagesse pousse derrière les molaires. Je ne suis pas celui qui, lors de la dernière éclipse, vomissait de la bille cosmique après avoir ingurgité une mixture chamanique. Je ne suis pas celui qui, lors de la dernière pleine lune, récitait des mantras champignons hallucinogènes dans les sous-bois nus. Je ne suis pas celui qui, lors de la dernière éruption solaire, vénérait les idoles de plasma en implorant leurs braises de consumer ses ombres intérieures. Je ne suis pas celui qui, lors du dernier solstice détraqué, s’enduisait le front d’une poussière d’étoiles volée aux rêves des comètes. Je ne suis pas celui qui, à l’aube des marées inversées, dansait pieds nus sur les pierres chaudes en appelant les esprits d’un monde qui ne répond plus. Non, je ne suis pas de celui qui ! Je suis un autre qui ne sait pas qui (il est). Les rituels obscurs grattent l’émail et le plomb, le composite plaqué sang, et les outils qui glissent entre les dents. La radio masque la roulette par un autre carnage. Je n’ai que faire de la chute du monde — demain la sagesse du fond arrachée. Elle pousse derrière les molaires et l’abcès perse.
— 20 novembre 2025