Reptile philosophique
L’iguane vertueux s’adapte à toute forme de technologie — il mue autant qu’il peut dans la jungle-machine. Pauvre reptile philosophique, on l’a vu se transformer en circuits sans soudures. Les couleurs des fils d’Internet se reflètent sur la membrane pauvre. Il mue, encore et encore, chaque fois que la bête oublie de respirer. Le monde s’effrite, et le reptile, lui, cherche sa peau. Et le feu emporte le corps, les flammes cuisent la chair — la pourriture des fluides. Dans le plus grand des silences, là où se terrent les battements numériques, le saurien attend patiemment sa proie. Il n’a que faire des data — ces données qui suintent des matières rares. Les espèces de cette famille sont sur terre bien avant les grands prédateurs — peut-être deux ans, avant qu’ils ne voyagent au Mexique, là où la vieille femme (aux mains de glaises) extrait les viscères sans ouvrir. La corne pleine de cendre, objet de tous les rituels sacrés, est broyée dans un bol chantant. Le breuvage est fertile comme la rosée du matin.
— 13 novembre 2025