BRUNO LEYVAL

MESSAGE #7 : Il n’y a que les montagnes

La violence d’un écran vide. La violence de l’indifférence. La violence accusatrice. La violence des reproches. La violence d’une joue tendue en signe de bienvenu. La violence de l’abandon... Abandonné dans les deux sens. La double peine. Un hurlement : où étais-tu ?

STOP !

Il y a des possibilités infinies dans la vie, mais il y a des violences insurmontables. Nous sommes prédisposés au meilleur et au pire, prédisposés à offrir et à reprendre sans compter.

Enlever par petits bouts pour préserver, jusqu’à l’incompréhension et à l'indifférence de l’autre pour ne pas sombrer. Ne jamais parler. Comment se comprendre sans langage ?

Il y a cette convalescence et ce vocal raté. Un joyeux anniversaire chanté avec le cœur qui – à quelques jours près – s'est effondré.

Des semaines de larmes, cœur contre cœur, inutile combat pour raviver une flamme jumelle qui ne l’a certainement jamais été. Quand vous placez une relation dans la sphère de la mystique, vous risquez une violente chute dans la réalité.

La porte s’ouvre et le regard est plein de gêne et d’amour épuisé. Le gouffre est abyssal, la distance continue de se creuser autour d’un café et de quelques futilités. L’émotion contenue, presque masquée, les regards qui se fuient jusqu’à l’insupportable.

Tu as retrouvé le chemin ? Quelques mots suffisent parfois pour vous transpercer.

Une petite boite bleue d’Inde à mes pieds. Je la sens avec la nostalgie du voyageur, mais vidée de son essence, elle ne diffuse plus son parfum de sainteté. Le parfum est un monstre sacré. Il vient vous prendre par surprise, vous transporte vers des moments passés et vous abandonne à votre solitude. Je ne reconnais plus ton odeur. Je n’ai plus ton odeur sur ma peau collée. Le parfum, cette seule impression que l’on peut espérer laisser planer.

Le temps passe et j’ai tout mon temps, et pourtant je pars, car l’instant présent est pesant.

Sur le départ, un bref contact amical, une étreinte comme l’on prend un enfant dans les bras pour le réconforter. Un regard sur le temple, cette chambre qui n’est plus qu’un cimetière à souvenirs. Je ne me retournerai pas pour te contempler, tu as changé — on a changé — et tu ne seras plus jamais l’être que j’ai tant aimé.

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Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas. Alors, je retourne dans l’Himalaya, pour être sûr que tu n’y sois pas.

J’emporterai loin de toi ma souffrance, car elle m’appartient. Il y a de la beauté dans cet instant de silence et d’indifférence, il y a toute la misère de deux êtres fracturés qui n’en peuvent plus de s’être un jour abandonnés.

— 10/02/2025

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