J’ai des chenilles dans les cheveux. Dans un coin, près d’un parking ou d’un camping, une bouteille de champagne pour fêter un premier livre – le rituel – au creux d’un arbre abandonné à un autel païen. J’irai m’y recueillir et me gorger de souvenirs.
Une élégante habitude s'est installée, une manière solennelle de se dire bonjour. Quelques messages bien composés, bien alignés et formatés avec de petits signes qui remplacent quelques mots difficiles à prononcer. Les icônes de la lâcheté. Le trésor s’est évidé et chaque son est une agression, une soustraction qui crevasse une temporalité perdue.
J’ai recommencé à compter le temps, c’est troublant. Le mouvement l’emporte sur la joie. L’aiguille qui se déplace et qui s’approche de ta (re)naissance.
J’ai attendu minuit une en regardant le tunnel s’approcher, les mains en sang.
Nous nous réunissons et gravitons vers le centre du brasier, des flammes et l’amour en feu. Après l’abattement, après l’incompréhension et la colère, une période de calme intérieur s’est installée. Un calme proche du vide. Un vide proche d’une extinction. Le repos après la folie, le silence de l’abandon.
Quand tu retourneras marcher le long de l’autoroute, fais une pause devant notre sépulture et dépose des fleurs fanées sur le cœur d’un condamné.
Stigmates
Quand les pieux, symboles de nombreux fétichistes
Annoncent des trous comme des yeux percés
Et que dans les paumes creusées jusqu’à traverser
Jaillissent les blessures sacrées du Christ
Les mains en avant, un pur abandon
Aux ombres qui caressent l’intime du corps
Et le gonflement d’une veine dans le décor
Efface les stigmates symétriques et profonds
Le noir et le blanc peinent à masquer les plaies
L’offrande au spectateur est totale
La souffrance satisfait les pulsions animales
La vision des regards, le désir charnel qui suintait
Pour n’avoir pas seulement simulé
L’expérience intérieure et monstrueuse
En préservant ses biens et sa vie creuse
Il abandonne l’abondance de l’être immaculé
Alors, dans le crépuscule de ses souvenirs
L’aspiration brûlante libère son putride parfum
Et le guide à l’entrée du temple païen
Pour le dernier sacrifice en devenir
Aucun homme ne peut se relever de cet hiver
Errant sur le chemin en solitaire
Avec sur les épaules le poids du silence
Ermite à jamais esclave de sa pénitence
— 01/02/2025