BRUNO LEYVAL

MESSAGE #11 : Vingt et un

Assieds-toi. Je veux te raconter une errance, quelques années dans la vie d’un passionné. Sur la route où tout a commencé, les lignes blanches en pointillées comme les traces d’une décennie qui vient de défiler. Les arbres blancs sont toujours là, au bout de la station, tournés vers l’horizon. Je leur tourne le dos pour mieux regarder en arrière. Un souvenir. Un chemisier blanc de transparence masque à peine un cœur qui bat. Je me souviens de tout, dans les moindres détails. La gravure est intacte. Stationné au même endroit, j’attends patiemment un signe, un signal comme une floraison. Les arbres blancs sont fatigués. Il n’y aura pas de printemps cette année.

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À la première sortie d’autoroute, un rond-point. Dès le premier jour, nos chemins se séparaient. Tu m’as arraché le cœur, garde-le, je n’en ai plus besoin.

Il y a de la beauté à chaque étape de l’existence et même dans un état de souffrance absolue, il y a un souffle de vie qui s’effondre. J’ai lu qu’un artiste a plus de chance de toucher la folie. N’est-ce pas merveilleux ? Les deux facettes d’une même pièce, l’ombre et la lumière, la joie et la tristesse. L’encre des idées noires qui se déverse sur le papier ne peut en aucun cas raconter une histoire intérieure. Elle ne fait que recouvrir la surface, elle gratte un peu parfois. Les mots ont le noir de l’âme et la puissance d’une armée antique. La poésie est l’arme absolue pour ouvrir les entrailles. J’ai la pensée rapide et l’amour lent. Il a fallu que j’apprenne une nouvelle langue pour oser un « mon amour ». Apprendre à aimer et à pardonner comme on se pardonne à soi-même. Se pardonne-t-on un jour d’avoir été si lâche ? Lâche de vouloir imprimer pour l’histoire les moments qu’on était en train de manquer. Être qu’un être... Être qu’un humain.

Toutes les histoires commencent le 10 et finissent un 21.

— 21/02/2025

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