L’arbre est planté au milieu de la prairie. Il ressemble à une anomalie. Du temps où il était en famille, c’était le vide qui aurait paru suspect. Aujourd’hui, seul au centre du cimetière, ses racines peinent à rester ancrées dans la terre, et ses branches s’étirent vers le ciel sans trouver d’appui.
J’ai une photographie de mon père, adossé à son tronc. C’était au temps où le vieil arbre trônait au centre d’une clairière, au milieu d’une forêt dense et enchantée. La canne de mon père était faite de son bois — d’une de ses branches tombées. Il caressait son écorce rugueuse comme on caresse un vieux compagnon, et moi, j’apprenais à lire dans ses gestes l’attachement silencieux d’une vie partagée. Chaque bruissement semblait murmurer des histoires anciennes, des secrets que seuls eux savaient garder.
Sous son écorce, un univers résiste.